L'EQS ne remplace pas la Mercedes Classe S : elle viendra la compléter. La première limousine électrique de la marque à l'étoile livre ses détails techniques.
Il souffle un vent nouveau chez Mercedes comme chez bon nombre d'autres grands constructeurs actuellement. Certains, comme BMW, ont décidé de produire des véhicules électriques en s'inspirant directement du modèle thermique, et d'autres, comme Mercedes, lancent des gammes nouvelles aux côtés des autos déjà existantes. Les Classe E et S ne disparaîtront pas de sitôt malgré la menace qui plane sur les véhicules qui étrennent encore des moteurs à combustion sous leur capot. Mais elles cohabiteront avec la famille EQ. EQE aux côtés de la Classe E et EQS aux côtés de la Classe S.
Nous avons pu nous entretenir brièvement avec Mercedes sur les détails techniques de cette limousine de plus de cinq mètres. Et avant toute chose, nous avons questionné le constructeur sur la possible cannibalisation entre Classe S et EQS : après tout, les deux autos sont sur le même segment, et partagent même quelques pièces (à l'intérieur, notamment). Sans grande surprise, pour Mercedes, aucun risque : l'EQS est un atout supplémentaire, et pas un danger pour la Classe S qui gardera quoi qu'il arrive sa fidèle clientèle sur les marchés chinois et américain où la pression sur les rejets carbonés est plus légère. Il n'empêche : en France, la Taycan a commencé à grignotter les ventes de la Panamera chez Porsche...
Les batteries de la Mercedes EQSL'EQS mesure un peu plus de cinq mètres de long et revendique 2500 kg sur la balance selon notre interlocuteur au volant de l'auto au moment de l'échange. Un poids conséquent : c'est une demi tonne de plus qu'une Classe S longue en 4Matic et avec une bonne liste d'équipements. Une masse toutefois "logique" compte tenu du gabarit et des 108 kWh de batteries logés dans le plancher. Un autre pack, de 90 kWh, sera également disponible sur des versions plus accessibles. Les batteries sont de type NMC (Nickel manganèse cobalt) : si elles sont moins stables et plus coûteuses que les batteries LFP utilisées notamment par Tesla sur la Model 3, elles conservent tout de même l'avantage de la densité énergétique.
La puissance de charge maximale admise est de 200 kW. C'est équivalent à ce que propose Porsche lorsque l'on active le mode de sauvegarde de la batterie pour éviter qu'elle ne chauffe trop (mode de charge qui sera d'ailleurs possible sur l'EQS), mais c'est moins que ce que propose Tesla : la faute à un choix du 400V plutôt que du 800V, qui semble se démocratiser (Porsche, Kia/Hyundai...) ?
En revanche, l'EQS affiche une belle performance en matière de récupération d'énergie avec la possibilité d'avoir jusqu'à 290 kW de puissance. C'est une valeur référence dans la catégorie. La récupération d'énergie est variable sur 3 niveaux grâce aux palettes derrière le volant (la conduite à une seule pédale est possible). Un quatrième niveau "intelligent" basé sur les données GPS est quant à lui automatique.Un chargeur embarqué (en option) permettra de se brancher sur du courant alternatif en 22 kW.
Les clients auront droit au système Mercedes me Charge. Il n'y aura pas besoin de carte d'accès : l'application repose sur le système du "plug and pay" avec système de paiement intégré, et donne accès à 200 000 bornes (lentes ou rapides) en Europe, et au réseau Ionity. Il n'y aura qu'à brancher l'auto sur la borne, la facturation se fera automatiquement, comme chez Tesla. Les trois premières années, le service sera gratuit.
Mercedes garantira les batteries 10 ans ou 250 000 km.
Ringarde, la Classe S ?L'EQS embarque tellement de technologies que la Classe S ferait presque ringarde à côté. Si les deux partagent bon nombre de choses (suspension pilotée, une partie de l'intérieur, assistants de conduite), la limousine électrique a droit à un système spécial de sonorité qui varie en fonction de l'accélération, de la vitesse et d'un grand nombre de paramètres. Elle profite aussi de cet immense affichage numérique vitré (1,41 mètre de large) avec ses trois écrans : instrumentation, infotainnment (17,8 pouces) et un écran à droite dédié au passager.
Nous avons demandé s'il lui était possible de regarder un film : cela sera autorisé seulement sur certains marchés, mais la France n'en fait pas partie. Mercedes a tout de même précisé qu'il pourrait y avoir une possibilité : grâce au système de tracking des yeux du conducteur, la projection d'un film ou d'une vidéo pour le passager serait rendue possible. En effet, dans le cas où le conducteur regarderait du côté de l'écran passager, la caméra qui suit son regard le détecterait et bloquerait alors l'affichage pour empêcher que le conducteur ne soit tenté de se faire, lui aussi, un petit film.
Deux ou quatre moteurs, et quatre futurs modèlesLa plateforme utilisée par l'EQS sera partagée avec trois autres modèles : une EQE, et deux SUV, qui seront certainement les équivalents électriques des GLE et GLS. Sur l'EQS, la gamme sera composée de modèles deux (propulsion) ou quatre roues motrices, avec des puissances allant de 333 à 523 ch, et avec un couple minimum de 550 Nm sur la plus petite version. L'EQS ayant un coefficient de traînée très faible (0,20, un quasi record), elle annonce jusqu'à 770 km d'autonomie en cycle WLTP sur la version à la plus grande autonomie.
L'EQS reprend les roues arrière directrices de la Classe S, qui tournent jusqu'à un peu plus de quatre degrés pour améliorer le rayon de braquage. Il passe ainsi sous les 11 mètres sur l'EQ, c'est moins qu'une Peugeot 308.
Même si elles n'ont pas été directement confirmées, des versions AMG devraient arriver sur les gammes EQE et EQS, puisque le constructeur allemand parle d'une "version encore plus puissante" à venir.