Intel lâche Tiger Lake H, sa dernière génération de CPU pour PC gamers et créatifs

Après la « comète » voici le second « tigre » d’Intel : le numéro 1 mondial des semi-conducteurs dévoile aujourd’hui sa ligue de CPU mobiles hautes performances, les Tiger Lake H. Après avoir lancé ses Tiger Lake U pour ultraportables, dont les TDP vont de 12 à 35W, Intel lâche ici une fournée de puces bien plus puissantes au TDP nominal de 45W. Le genre de puce que l’on va retrouver dans des machines destinées au gaming à la création et au travail intense.

Cette nouvelle fournée de puces de 11e génération est doublement importante car, comme le segment « Tiger Lake U », ces nouveaux « Tiger Lake H » profitent de deux nouveautés majeures. Côté architecture du processeur, ils reçoivent les nouveaux « Core » de génération Willow Cove, plus performant que ceux de la génération précédente. Côté gravure, le procédé 14 nm++ fait place au 10 nm SuperFin.

L’addition de ces deux technologies, architecture et gravure, permet à Tiger Lake H de revendiquer jusqu’à 19% de performances en plus par rapport à la génération précédente (en mode simple tâche ou single thread). Et de proposer une montée en fréquence record : jusqu’à 5 GHz en mode turbo sur deux cœurs.

Intel lâche Tiger Lake H, sa dernière génération de CPU pour PC gamers et créatifs

Si on est en position de croire les prétentions d’Intel, c’est que ce sont les cœurs Willow Cove ainsi que la gravure en 10 nm qui sont la clé des excellentes performances des Tiger Lake U. Aidés par une moindre contrainte de dissipation thermique – la plus puissante des nouvelles puces s’affiche à 65W – on imagine bien l’ampleur des gains. Qui devraient donner un peu plus de mordant face aux excellents Ryzen 5000 d’AMD.

Comme à l’accoutumée chez Intel, l’arrivée d’un nouveau processeur marque en fait l’arrivée d’une nouvelle plate-forme. Ce qui englobe aussi la partie réseau (Wi-Fi 6 et 6E), la connectique (Thunderbolt 4 de série pour tout le monde), ou encore des améliorations technologiques plus profondes comme l’arrivée du PCI Express en version 4.0. Une autoroute de 20 lignes de communication qui branchent disque dur et carte graphique directement au processeur. Ce à quoi s’ajoutent 24 lignes PCI Express 3.0 entre le chipset et le reste de la plateforme (prises USB, etc.).

Pour renforcer le côté « gamer » de la plate-forme, la partie Wi-Fi n’utilise pas le célèbre chip AX200 en Wi-Fi 6, mais une déclinaison pour joueurs plus moderne, le Killer AX1675 Wi-Fi 6E. Si les fondamentaux sont les mêmes, la norme est un cran au-dessus (6E) et les drivers adaptés pour donner la priorité aux jeux – reconnaissance des titres exécutés, priorité à la latence, etc.

L’autre argument du succès des Tiger Lake U des ultraportables est la partie graphique Xe intégrée au SoC, capable pour la première fois de tenir tête aux Radeon Vega des SoC d’AMD. Mais il en va autrement pour la partie graphique de cette gamme Tiger Lake H : alors que la puce la plus performante de la série U dispose de 96 EU (unités d’exécution), on n’en retrouve que le tiers dans ces puces, dont la partie CPU est pourtant plus puissante.

Selon Joakim Algstam, responsable de l’équipe en charge des PC portables « Enthusiasts » chez Intel « c’est un choix assumé. Ce type de processeur est conçu pour des châssis qui seront équipés d’une carte graphique dédiée. Et puis il y a des contraintes d’intégration, un GPU intégré plus puissant aurait pris plus d’espace et aurait consommé plus. Avec nos 32 EU, nous avons assez de puissance pour accélérer de nombreuses choses, comme le décodage multimédia », a-t-il expliqué à 01net.com.

Avec seulement 32 EU, la partie graphique basée sur l’architecture Xe s’appelle à nouveau UHD. Ce qui met en lumière un problème de dénomination. De la puce graphique et de la plate-forme.

Avec son « Project Athena », Intel a fini par accoucher d’un nom de plateforme « EVO » qui permet de reconnaître au premier coup d’œil un ultraportable équipé de toutes les technologies modernes nécessaires – puce graphique performante, Wi-Fi 6, allumage ultra rapide, batterie d’une journée, etc. Mais cela ne concerne que Tiger Lake U et les ultraportables.

Les puces Tiger Lake H visent, elles, trois segments ou formats de machines : les Essentials, pour jouer en 1080p, les Thin Enthusiasts qui comprennent des châssis plus fins et plus haut de gamme (jeux en 1080p120 ou 4K60p) et les Halo Enthusiasts qui poussent la 4K jusqu’à 120 images par seconde. Le souci étant qu’il n’existe pas de nom de plate-forme qui permette au consommateur de s’assurer d’une garantie de puissance, d’autonomie, etc. Intel gagnerait à développer une identité dans ce segment qui pèse pourtant « 40% des machines vendues en Chine », comme nous a expliqué M. Algstam.

Ce problème de dénomination touche aussi la carte graphique « à technologie Xe, mais sans l’étiquette Xe ». Arguant que les consommateurs « savent ce qu’ils achètent » avec un Tiger Lake H, comme nous a expliqué M. Algstam, nous répondons que lors de la conférence, nous avons dû poser la question quant à la nature du « moteur » GPU. La mention « UHD » classique d’Intel ayant en effet une assez mauvaise réputation.

Tiger Lake H permet à Intel de laisser derrière lui la gravure 14 nm++ et tout l’héritage Skylake. L’introduction du 10 nm, des cœurs Willow Cove, de la (petite) puce Xe ainsi que des éléments de plate-forme fondamentaux (PCIe 4.0, Wi-Fi 6E) lui confèrent, sur le papier, le potentiel pour répondre coup pour coup à AMD, en allant plus loin sur certains plans (Thunderbolt, gamme pro, etc.). Il ne reste plus qu’à mettre la main sur les premiers échantillons pour mesurer les gains de performance effectifs…